L’avis du Médecin - Dr Alain HADDAD
- Dr Alain HADDAD
- 15 août
- 3 min de lecture
Définition :
Un réseau social est un ensemble de personnes ou d'organisations reliées entre elles par des liens afin de créer des interactions sociales. Ces réseaux existent depuis de nombreuses années ; leur objectif est d’être plus performants dans le domaine concerné. Ils permettent l’échange d’informations, le partage des tâches, la rentabilisation de l’utilisation du personnel, etc.
Ces liens sont très nombreux et concernent l’ensemble des domaines. Ils peuvent être politiques, sociaux, économiques, scientifiques ou religieux. Les réseaux sociaux ont pris une nouvelle dimension depuis le développement d’Internet. Jusque-là, ils concernaient uniquement ceux qui s’y intéressaient et s’y inscrivaient, ce qui limitait leur développement. Aujourd’hui, avec Internet, tout le monde peut avoir facilement accès à un réseau, même si certains restent fermés aux personnes non concernées.
Le réseau social est donc d’un intérêt certain ; sa diffusion sur Internet est, pour beaucoup, d’une grande utilité. C’est dans cette dynamique que des réseaux juifs religieux se sont développés. Parmi ces sites, on pourrait citer : Chiourim, TorahBox, Espace Torah, Torah de Vie, AhavaTorah.com, Leava… Ils sont trop nombreux pour tous les mentionner. Ils diffusent des cours de Torah, de Halakha, de Daf Hayomi en français. On peut également citer Kol Halachon, qui propose des cours donnés par les plus grands Rabbanim d’Israël et du monde, dans toutes les langues mais surtout en hébreu.
Par ailleurs, ces sites mettent en place des services de gestion du Rav, comme Allo Rav, permettant à chacun d’obtenir une réponse halakhique à des questions personnelles.
Cependant, au-delà de ces aspects très positifs, il existe un danger non négligeable lié à l’utilisation d’Internet à des fins beaucoup moins honorables. Les jeunes, en particulier les adolescents, sont en quête de découvertes et de réponses sur leur identité ou leur sexualité. Cette recherche, menée en secret sur l’ordinateur, sans contrôle ni guide, conduit beaucoup d’entre eux vers des sites immoraux, diffusant des films dépravés et malsains. Ces contenus captent l’attention, envahissent la pensée et peuvent provoquer une véritable addiction, avec des conséquences psychiques, physiques et religieuses graves.
Certes, il existe des systèmes de filtrage comme Garder vos yeux, mais un adolescent dépendant trouvera toujours un moyen d’accéder à ces contenus ailleurs. Le yetser hara (mauvais penchant) semble parfois trop fort pour y résister.
Un autre danger des réseaux sociaux est la possibilité pour un adolescent d’entrer en contact avec des inconnus, de subir leur influence et parfois de tomber dans des pièges dont il est difficile de sortir. Un adolescent confronté à ses angoisses, et ayant du mal à communiquer avec ses parents, cherchera des personnes avec qui parler. Il se constituera alors un réseau, souvent composé de camarades de classe ou du voisinage, et passera des soirées entières à discuter avec eux via Internet.
Ces réseaux d’adolescents remplacent les « bandes » qui se retrouvaient autrefois dans la rue après l’école. Mais ces bandes, réelles ou virtuelles, peuvent véhiculer de l’agressivité et des comportements violents, comme en témoignent les faits divers relatant des passages à tabac ou des viols collectifs.
L’adolescence est une période de grande fragilité, surtout si l’éducation a manqué d’encadrement. Un adolescent qui passe des heures sur les réseaux sociaux, au détriment de son travail scolaire et de ses relations familiales, est un adolescent en souffrance. Il ne faut pas tarder à intervenir.
Certes, les réseaux sociaux ont des aspects positifs, mais ils ne doivent pas envahir toute la sphère psychique ni se faire au détriment du reste. Internet est un outil potentiellement très dangereux ; si l’on doit l’utiliser, il faut le faire avec vigilance.
Un père religieux est venu me voir, piégé par une addiction dont il ne pouvait se défaire. Je lui ai conseillé de retirer l’ordinateur de la maison, mais il m’a répondu que c’était la source de parnassa (revenu) de la famille, car sa femme travaillait avec. Je lui ai alors suggéré d’installer une protection, accessible uniquement à son épouse. Il a d’abord été réticent, craignant qu’elle découvre son problème, puis a fini par accepter, sous prétexte de protéger les enfants.
Les réseaux sociaux, malgré leurs atouts, représentent donc un grand danger. Ils menacent l’équilibre personnel, familial et social. Dire « je suis assez fort pour résister » ne suffit pas, car leur utilisation peut échapper au contrôle même des personnes les plus solides. Internet est un espace sans loi où tout est permis, surtout le pire. Il faut savoir éviter certains « progrès ».
Dr Alain HADDAD
Pédopsychiatre, Psychiatre, Psychanalyste
